LE LIEN DE LA TERRE : 

Dans les années 1950, mon arrière-grand-mère partait à l’aube dans la forêt ramasser l’ajonc et la bruyère pour en faire de petits fagots. Elle allait les troquer contre du pain chez le boulanger du village, qui s’en servait pour alimenter son four.

Depuis, plusieurs décennies sont passées. J’ai 25 ans, et face aux nombreuses crises qui submergent nos sociétés, germe en moi le besoin de renouer avec le sens profond du lien au vivant.

Alors je pars.

Pendant quatre ans, j’ai choisi de parcourir la France pour faire l’expérience de la vie paysanne. Cette proximité avec le monde animal, végétal et humain réveilla des émotions enfouies. Guidée par les odeurs des mes souvenirs, j’allais de ferme en ferme. Je me sentais au bon endroit.

Sur ce chemin, j’ai partagé le quotidien de paysans et paysannes à l’écoute de la terre, et croisé de nombreuses personnes de passage venues les aider. Cherchaient-elles, peut- être, elles aussi, à retisser ce lien parfois oublié ?

J’observe alors que toute une partie de la population, sur plusieurs générations, s’avère préoccupée par la nécessité de préserver l’habitabilité du monde. Et pour les jeunes de ma génération, l’urgence nous dicte d’agir maintenant.

Le lien de la terre dresse un portrait à la fois dense et délicat de modes de vie en symbiose avec la nature qui nous nourrit. C’est avec différents degrés d’autosuffisance, de rapports au monde extérieur et de formes d’organisation – familiale, solitaire ou collective – que ces personnes, inspirées par l’esprit paysan, ravivent nos terres.


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