BRUIT ROSE
Ce jour de pluie,
Envahie par une vague de sanglots,
Mon cœur froissé,
Trouve refuge auprès des marées.
Après avoir longé le trait de côte,
Je m'arrête et m’allonge dans le creux des rochers,
Sur la plage ancestrale de la baie d'Ecalgrain.
Je ferme les yeux.
Ma main caresse la roche chaude.
J'entends cogner sur la falaise l’écho du souffle sauvage et perpétuel des vagues.
Craignant que la marée montante m’emporte dans ses entrailles,
Je lutte, pour me tenir éveillée.
La quiétude de ces roches primitives m'enveloppe dans les bras de Morphée.
Dans mes rêves,
Le murmure d’un coquillage m’emmène dans l’histoire d'un son, nommé « bruit rose ».
Pressé contre mon oreille,
Il y résonne le va-et-vient des vagues de mon sang.
Mon âme d’enfant s'abandonne alors aux mystères du rivage.
À mon réveil,
Quand la mer se retire,
Je déambule.
Attirée par les moindres détails,
Les yeux rivés au sol.
Je contemple la vie qui oscille,
Peignant des tableaux éphémères, à chaque retrait des flots.
Je deviens alors témoin du petit monde des estrans.
Une harmonie fragile, faite de vie et de mort,
Et qui m'émeut encore...
Cloé Harent nous partage son expérience intime avec la mer, offrant une ode photographique à la biodiversité fragile des estrans normands. À travers sa série Bruit Rose, elle capte la puissance des marées et leur influence sur le paysage, où chaque retrait des flots laisse place à des tableaux éphémères, dévoilant des micros-paysages iodés, création naturelle du monde vivant.