Poussières de mémoires
Dans la vallée de l’orbiel, sur les communes de Salsigne et de Villanière , se trouvait la plus importante mine d’or d’Europe. L’exploitation de cette mine a marqué un siècle de l’Histoire (1892-2004). La conséquence de la méthode d’extraction de l’or a mis à l’air libre de la poussière d’arsenic et autres métaux lourd présents sous terre, toxiques pour l’Homme. Les déchets de cette exploitation intense ont transformés les paysages en collines artificielles et affecté la santé des ouvriers et des habitants.
A présent, lorsque la pluie tombe, s’enchaine un ruisselement dont des quantités anormales d’arsic se verse dans l’Orbiel, la rivière qui traversse cette vallée. Elles s’est retrouvée en 2018 atteinte d’innondations qui en ont rélévés toute sa dangerosité.
Les choix pris par le passé, favorisant les enjeux économiques ont été prioritaires sur la santé et l’environnement. Dix neufs ans après la fermeture, ce sont les riverains, venus vivre dans la montagne noire, qui se retrouvent victimes du silence bien trop longtemps gardé.
Alors je suis partie à la recherche de la source afin de conserver la mémoire du lieu. Montrer les traces visibles tant qu’il est encore temps. Les derniers mineurs de la mine d’or de Salsigne s’envolent petit à petit et emportent avec eux la mémoire d’un siècle d’histoire. Ils étaient environ deux milles, actuellement je peine à en trouver. Ce lieu était devenu un carrefour des flux migratoires des guerres du siècle dernier. Qu’ils soient Polonais, Vietnamiens, Français, Espagnol ou bien Algériens, dans la difficulté et la bonne humeur ces hommes sont devenus des frères. Ils ont beaucoup donné pour nourrir leur famille, même leur santé. J'ai pu voir dans leurs yeux une fierté sensible. Mais ces yeux, plongés dans le passé, se fermaient délicatement sur les conséquences inconsientes, à l’époque, qu’engendrait leur vie de labeur.
Cette histoire fait réfléchir sur la conséquence de la pensée à court terme notamment dans les exploitations industrielles. Se pose également la question de la transmission. Comment rendre visible et informer aux générations futures que ces collines sont en fait la poussière toxique du passé ?
Projet réalisé entre 2016 et fin 2019